mercredi 8 janvier 2014

Le Bénin Culturel en 2013

Un pas de géant dans la douleur  
L’année 2013 qui vient de s’achever a été particulièrement éprouvée et douloureuse pour les acteurs du monde culturel au Bénin. Deux figures de proue de la musique béninoise et une dizaine d’artistes de la jeune génération ainsi que quelques autres acteurs du milieu culturel sont passés de vie à trépas à la grande tristesse de tous. Malgré cette douleur qui reste vivace, de nombreuses réalisations ont été enregistrées dans plusieurs domaines et secteurs de la vie culturelle.

2013 : année noire, éprouvante et émouvante pour les acteurs du secteur de la musique en particulier, et de la culture en général au Bénin. Elle vient de s’achever avec une bonne dose de tristesse marquée par des décès en cascade d’artistes chanteurs et musiciens. Il s’agit ici d’un souvenir macabre à vite oublier par les artisans de la culture qui dans la douleur et le malheur, ont posé des pas de géant  pour donner plus de visibilité au secteur. Par leurs multiples réalisations et nouvelles initiatives inscrites au titre de l’année 2013, des promoteurs d’événements culturels ont contribué à plus de rayonnement de la culture béninoise aussi bien sur le plan national qu’international. Ce qui fonde l’argument d’espérer à tout prix pour ce secteur culturel, quatrième pilier du développement durable, hélas relégué au second plan par ici.
Artistes propagandistes du Ramu
L’année 2013 n’a pas été que douloureuse pour les artistes béninois. Certains parmi eux ont su bien s’en sortir financièrement en faisant preuve d’imagination et de créativité. En plus d’être des chanteurs et musiciens, ils ont été également des communicateurs et des propagandistes. Cette nouvelle trouvaille a rallumé le sourire aux lèvres de ces artistes qui ont tiré légalement profit de la manne collective. En effet, pour accompagner le gouvernement dans sa mesure sociale à vocation sanitaire, le RAMU, des artistes musiciens et comédiens du Bénin se sont faits entendre. Dans le cadre de leurs tournées d’un mois au profit du Régime d’Assurance Maladie Universelle, ils ont sillonné plusieurs artères du Bénin,  parcouru presque tous les départements du pays pour faire comprendre aux populations l’importance de cette mesure pour le soulagement de leurs peines en matière de santé. Ce qui n’a pas été sans critiques et invectives vu que ces artistes retenus pour la campagne seraient des « patriotes », et donc seraient dans les coulisses du régime politique.
Le FITHEB déplumé toujours sans directeur
La polémique qui s’est enflammée entre les principaux acteurs du milieu théâtral, en l’occurrence les administrateurs du Conseil d’Administration du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB) et l’autorité de tutelle, n’a pas permis de relancer fièrement le festival. En revanche, les controverses entretenues en partie par le ministre qui tenait à s’imposer de force face à l’entêtement du CA, a-t-on dit, a plombé la direction du plus grand festival de théâtre d’Afrique, actuellement sans l’installation du nouveau directeur choix conformément aux textes. L’autorité ministérielle serait contre la méthode de défiance du désormais précédent Conseil d’Administration présidé par Justin Ekpélikpézé, qui  a désigné l’homme de culture Eric Hector Hounkpè pour conduire les destinés du FITHEB. A deux mois de la tenue de la prochaine édition du festival, selon la tradition, rien ne se profile à l’horizon si ce n’est l’impasse. Aux dernières nouvelles, le ministre de la culture, Jean Michel Abimbola réaffirmerait sa volonté d’offrir aux Béninois un Fitheb en 2014 sans d’autres précisions. Vivement qu’on évite la caporalisation du festival. 
Des icônes de la musique internationale à Cotonou
Avec l’organisation au Bénin de deux événements culturels majeurs, de grosses pointues de la musique africaine et internationale ont foulé le sol béninois au cours de l’année 2013. Il s’agit du Festival Cotonou Couleurs Jazz et de la série de concerts organisés dans le cadre des cinquante années d’existence de l’Institut Français de Cotonou. Avec un dispositif de son et lumières répondant aux normes internationales, déployé par Moî Virchaux et John Arcadius lors de la 2ème édition du Festival Cotonou Couleurs Jazz, le public a découvert ou redécouvert sur la scène la diva de la musique béninoise Angélique Kidjo, dix ans après sa dernière prestation au Bénin. Elle était accompagnée d’autres célébrités de la musique comme King Mensah, Henri Dikongué, Baaba Maal, Régis Kolé, Blue Moon, Balimurphy. Cette initiative de célébrations des 50 ans de l’IFC a connu un grand succès par la forte participation du public et de la renommée des artistes qui ont presté sur la scène du Théâtre de verdure de l’Institut. Aussi, des artistes de la trempe de Didier Awadi, la figure la plus visible du rap africain francophone et l’humoriste Mamane, le président fondateur de la République très très démocratique du Gondwana, ont rallié Cotonou pour apporter leur dose de prestation.
Les arts visuels mieux portés
Les artistes plasticiens se sont faits également remarqué durant l’année 2013. Grâce à l’organisation d’une dizaine d’activités et d’initiatives nouvelles, une dynamique nouvelle a été impulsée au secteur des arts visuels au Bénin. Organisé dans un creuset dénommé ABAP Four P, ils ont présenté au public une soixantaine de nouvelles créations d’œuvres et tableaux en sculpture, photographie, performance et  installation. C’était du 23 au 30 septembre dernier sur l’esplanade de la place du Souvenir avec la participation de huit pays de la sous-région. L’édition d’un répertoire pour les artistes plasticiens et les acteurs en arts visuels vient résoudre à moyen et long termes, les véritables problèmes de développement de la filière. Cet ouvrage est un condensé des artistes plasticiens, des historiens d’art, des journalistes culturels, des collectionneurs d’arts et de centres culturels répertoriés sur toute l’étendue du territoire national.
Une flopée de festivals pour des résultats mitigés
Le Bénin s’apparente à un réservoir de festivals qui se créent au jour le jour, lorgnant tous le milliard culturel. L’année 2013 a fait voir la tenue des traditionnels festivals, mais aussi la création d’autres, hélas portés parfois par les mêmes promoteurs ou initiateurs culturels. Ainsi, des acteurs bien connus du milieu s’en sortent avec plusieurs subventions parce que au cour du système de financement du Fonds d’aide. Si de cette ingéniosité culturelle, on pourrait saluer la forte animation du milieu des festivals, il se pose cependant leur contribution aux dispositifs de rayonnement du Bénin sur le plan culturel et encore plus leur impact financier à l’économie. Il revient alors d’assainir le financement des festivals parfois créés de toute pièce pour « capter » le milliard qui, en soi, être mieux distribué pour le bouillonnement culturel béninois.    

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