mardi 17 juillet 2012

Interview d'Aubin Akpohoukè en prélude au 3ème anniversaire de "Hanlissa"


« Les artistes mettront le paquet pour prouver que nous avons de la richesse chez nous »

Le troisième anniversaire de l’émission en Fon « HANLISSA » sur la télévision Canal 3 animée par le journaliste et animateur Romain Akpohounkè sera célébré ce dimanche 15 Juillet au Palais des Sports de Kouhounou. Dans cette interview, l’animateur nous parle de la pléiade d’artistes de musique traditionnelle qui seront de la partie et des derniers préparatifs.

 Dans quel objectif avez-vous initiée la désormais célèbre émission HANLISSA ?

Aubin Akpohounkè : je vous remercie. Nous avons constaté à un moment donné que nous nous trompons de chemin, on ne savait plus où on allait, parce que chaque pays existe avec ses valeurs endogènes. Mais ici au Bénin, nous avons abandonné ce qui est pour nous en consommant pour autrui. Si nous prenant la musique, on voit aisément que la jeunesse adore beaucoup plus les rythmes venus d’ailleurs tels : le Zouglou, le Coupé décalé, le Kpangor, le Ndombolo, le Zouk etc. nos jeunes se retrouvent là dedans. Des rythmes avec des sonorités bizarres qui font que nos enfants ne savent plus chanter nos chansons de musique traditionnelle ni danser sur un aire de musique traditionnelle. Ils adoptent des styles choquants avec des coiffures à la manière des vodounsi et mettent des boucles d’oreilles. Comment un homme peut-il en Afrique et au Bénin porter une boucle d’oreille ? L’autre constat est que sur nos chaines de télévision et de radios les grilles de programme accordent plus d’espace aux musiques étrangères que notre propre musique, la musique traditionnelle. C’est pour trouver un palliatif à cette problématique de non promotion de nos valeurs endogènes que nous avons initié depuis trois ans ‘’Hanlissa’’.  Elle reçoit les jeunes artistes béninois qui font de la musique traditionnelle, leurs ainés auxquels ils emboitent le pas et ces artistes qui ont pratiqué la musique de chez nous et qui sont entrain de raccrocher ou qui sont allés à la retraite. Ceux là conseillent, leurs chansons véhiculent des messages qui redonnent espoir aux déprimés, aux désespérés. ‘’Hanlissa’’ est né pour montrer au peuple béninois que nous avons des valeurs, que notre culture regorge de potentiel que la jeune génération peut exploiter. Les populations ont apprécié et nous ont félicitées. Après une pause et des réflexions nous avons estimé qu’il faut rapprocher encore davantage les populations de l’émission. C’est pour cette raison que nous avons souhaité regrouper tous les artistes qui se sont succédé sur l’émission pour remercier et mettre de la joie au cœur à tous ceux là qui nous ont soutenus et qui continuent de nous soutenir à travers leurs prestations. C’est ce qui justifie la célébration de l’an trois de ‘’Hanlissa’’. Ils seront nombreux car ils adhèrent tous à la cause de ‘’Hanlissa’’. Donc le dimanche 15 juillet prochain au palais des sports de Kouhounou, les artistes de la musique traditionnelle mettront le paquet pour prouver que nous avons de la richesse chez nous et qu’il ne faut plus nous amener Akon ou Papa Wemba pour la célébration de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale.
Les initiatives de ce genre se font au Bénin sans soutien et sur fonds propre, le ministère en charge de la culture à t-il contribué, qui sont ceux qui vous sont venus en aide ?

Trouver l’aide de l’Etat c’est une chose difficile. Les cadres et dirigeants de ce pays cafouillent très souvent et choisissent par finir le mauvais chemin. Je disais la dernière fois que si le ministère de la culture veut vraiment travailler pour le Bénin, il faudrait que les artistes de la musique traditionnelle tels : Alokpon, Alèkpéhanhou, Gbétchéou, Allèvi, Anice Pépé etc. et leurs œuvres aillent sur Trace TV. C’est à cela que doit s’atteler le ministre en charge de la culture. Il faut dire qu’à cinq jours de l’événement nous n’avons pas encore eu le soutien de ce ministère, ils le feront peut-être, car nous leur avons fait parvenir le dossier de l’événement. Pour le moment ce sont ceux qui nous soutiennent depuis toujours qui sont entrain de mettre la main à la poche. La salle qui abrite l’événement a un coup que nous devons payer, on a sollicité l’appui du ministre en charge de la jeunesse, mais jusque là c’est le statut quo, mais on le fera quand même. Je salue ici les ministres Lambert KOTTI, Valentin DJENONTIN, ce dernier à beaucoup fait pour nous depuis qu’il était à la culture il a mené des démarches qui à coup sûr aboutiront à quelque chose. Je salue également Hounnon Béhumbéza, Clovis Agossou, Ambroise Badou
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Sur les affiches publicitaires, nous avons vu la photo du Roi Agoli- Agbo et plusieurs autres personnalités, est-ce lui le parrain de l’événement ?

Vous êtes de vrais observateurs. On dit souvent chez nous que la peau du Caïman s’enlève sous la coupole de grandes personnes, des ainés et celle de la mouche s’enlève avec beaucoup de précaution et de présence d’esprit. C’est pour cela qu’il faut placer les événements qui entrent dans nos valeurs endogènes sous les ailes de ceux qui s’occupent de ces valeurs là. Agoli-Agbo est un dignitaire de nos valeurs, il est Roi d’Abomey, c’est donc à juste titre qu’il est le parrain, l’Association Achoret, le ministère de la culture, le ministre Valentin DJENONTIN et autres ont parrainé l’événement. Ils ont tous accepté investi dans la tenue de la célébration de l’an trois de ‘’Hanlissa’’ et il faut les encourager et leur dire que le peuple voit et suit de près tout ce qu’ils font pour les artistes et la culture.


Un mot à l’endroit des populations ?

Que les béninois sortent, car nous ne pouvons pas laisser notre culture et nous accrocher à celle des autres. Qu’ils fassent le déplacement du palais des sports et que nous consommions local.

Propos recueillis par  Edouard KATCHIKPE


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Aubin Akpohounkè, l'animateur de Hanlissa

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