Moustapha Patrice Ahounou |
« J’ai des études de faisabilité pour créer en un mois des
millions d’emploi au Bénin »
Fondateur de Business Management Communication, Moustapha Patrice
Ahounou, est un spécialiste du management culturel qui intervient sur plusieurs
festivals en Afrique et dans le monde. Au détour de son récent passage au
Bénin, l’expert culturel à travers cette interview exclusive accordée au
journal Educ’Action, lève un coin de voile sur son projet « 1 million d’emploi en 6 mois ». Dans cet entretien, l’acteur Patrice Ahounou, révèle
également les insuffisances qui freinent le développement de la culture et des
Arts au Bénin après 54 ans d’indépendance. Découverte !
Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je suis un acteur culturel, un manager culturel sur le continent africain et
un peu plus ailleurs. Je travaille uniquement sur la culture parce que je
me suis dit voilà une source de richesse intarissable, fiable et viable que
nous avons sur le continent et dont nous ignorons les qualités. Donc depuis
plusieurs années, je me suis spécialisé dans le management culturel sur toutes
ses formes. Je peux faire de la conception d’un projet, de la réalisation d’un
projet, de la coordination d’un projet, du suivi-évaluation d’un projet et de
la planification d’un projet. Je suis Béninois d’origine mais je suis africain
de nationalité. Je dirige une structure qu’on appelle Business Management
Culture (BMC) à travers laquelle je fais du business et du management culturel.
Pourquoi du business, parce que la culture ne relève pas du secteur social.
Contrairement à ce que les gens pensent, la culture relève du secteur marchand.
C’est-à-dire une activité autour de laquelle nous pouvons créer de la richesse
et des emplois. Parce que si ceux qui travaillent dans le secteur n’ont pas de
quoi vivre, n’ont pas le minimum pour vivre, non seulement ils n’auront pas de
la motivation, mais le secteur va mourir.
Après 54 ans d’indépendance, la Culture et les Arts sont toujours à la
traine au Bénin. En tant qu’expert dans
ce secteur, vous avez parcouru des pays africains qui ont réussi à faire de la
culture un levier pour le développement. Pourquoi dans votre pays ce n’est pas
encore le cas ?
Cette situation au Bénin
s’explique par un problème d’organisation. Ce n’est pas le problème de
management, mais c’est d’abord un problème d’organisation. En Afrique au sud du
Sahara, le Bénin est l’un des rares pays où le gouvernement consacre une petite
partie de son budget à la culture. Malheureusement, l’organisation qui entoure
ce taux affecté à la culture est mauvaise. Elle est mauvaise à partir de la
définition du fonds. On ne peut pas octroyer un fonds comme si s’était à but
non lucratif. En octroyant un fonds à la
culture, quel est le résultat attendu? On veut stimuler les acteurs à aller un
peu plus loin. Mais ce n’est pas ce qui se passe actuellement parce que le fonds qui devrait servir au
développement de la culture n’est pas logé dans une banque. Le fonds n’a pas
besoin d’une structure pour sa gestion. Une structure qu’on installe et qui vit
de ce fonds, le fonds n’en a pas besoin mais il a besoin des lignes directes.
Des lignes qui sont claires et connues de tous. On devrait loger ce fonds dans
une banque en disant qu’il est destiné aux acteurs culturels. Un acteur
culturel, cela veut dire qu’il répond à des critères bien déterminés. Si cet
acteur ne répond pas à des critères, il ne peut pas aller toucher à ce fonds.
Il justifie son projet et la banque regarde la faisabilité de son projet
suivant des critères avant d’accorder le financement. En prenant ce fonds à un taux dérisoire de 2%
par le bénéficiaire, cela permettra de régénérer le fonds. C’est pour ce qui
concerne le fonds. Maintenant pour
l’histoire d’organisation, vous savez, un pays comme le Bénin n’a pas un
calendrier culturel. A la veille de chaque nouvelle année, les députés votent
un budget à l’Assemblée Nationale. Voilà ce qui devrait-être fait également
dans la culture. Cela veut dire que les acteurs de tous les secteurs de la
culture vont se réunir à la veille de la
nouvelle année pour s’organiser et planifier avec cohérence les activités au
niveau d’un calendrier culturel. Ce faisant, aucune activité ne va s’entremêler
dans une autre. En arrivant à Cotonou, vous entendez qu’il y a plusieurs festivals
qui se tiennent dans une même période. C’est la même masse monétaire, c’est la
même clientèle qui va s’éparpiller sur les différents endroits et comme cela qu’est-ce
qu’ils vont récupérer les organisateurs ?
1 million d’emploi en six mois grâce à la culture. Vous pensez que c’est possible au Bénin. Parlez-de ce projet que vous avez l’ambition de réaliser.
Tout le monde me pose la question
de savoir d’où je sors cette affaire là.
Mais je dis ceci, la culture ne ressort pas du secteur social, elle
ressort du secteur marchand. Si nous voulons donner de la valeur ajoutée en
créant de la richesse et des emplois dans ce secteur, il faut créer les
conditions de l’exercice dans ce secteur marchand là. Metteurs en scène, cinéastes, artistes, humoristes et
autres acteurs de la culture se plaignent de l’insuffisance d’espaces culturels
pour s’exprimer. Autour d’un espace culturel, c’est de la richesse qui se crée.
Donc la première priorité de ce projet, c’est de créer des espaces culturels
sur toute l’étendue du territoire national. Et quand je parle d’espaces
culturels, c’est des espaces qui répondent à des normes. Les espaces sont faites de telle sorte que sur
place vous avez des salles de répétition, vous avez des salles de formations,
vous avez des studios, vous avez des salles de live. Donc au même endroit,
c’est un tout. Si nous créons les espaces, nous allons avoir tous les corps de
métiers. Regardez les musiciens, un instrumentiste joue pour 10 groupes. Mais
avec les espaces ce n’est pas possible parce que nous irons vers le
semi-professionnel. Donc, ce qui fait qu’un musicien qui joue avec Alèkpéhanhou
par exemple ne pourra pas aller jouer avec Adizé. Il jouera uniquement avec
Alèpéhanhou parce celui-ci sera en prestation six jours sur sept. Adizé, cinq
jours sur sept. Donc le corps de métier aura de la matière et nous allons
valoriser ceux qui sont des formateurs, des musicologues, qui ont été à l’école
mais qui ne mettent pas leur savoir en valeur faute d’endroits qui n’existent
pas. A partir de là, vous n’entendrai plus qu’il n’y a pas d’emploi parce qu’un
espace culturel peux créer tellement d’emploi. Si nous créons des espaces, les
partenaires viendront nous payer des montants énormes qui permettront de faire
vivre ses espaces là. Quand on dit qu’au Bénin il n’y a pas de musique de
référence je dis oui. Parce que les conditions ne sont pas réunies pour qu’il y
ait véritablement une musique béninoise. Si vous créez des espaces, les
célébrités d’aujourd’hui vont disparaitre parce qu’il y aura une émulation qui
va amener d’autres talents à faire émerger d’autres musiques. C’est la scène
qui forme. Voilà ce que j’apporte au Bénin. J’ai les maquettes, les études de
faisabilité pour permettre au bout de six mois de créer des millions d’emploi
tout corps confondus. On me dit qu’au Bénin la piraterie tue les artistes et
moi je réponds que c’est parce qu’on n’est pas organisé. Si vous avez un
calendrier culturel et qu’on sait qu’en
2016, nous devons sortir 200 artistes ou nous devons sortir 50 albums, nous
créons un central d’achat qui a droit au fonds. Vous déposez vos albums selon
le calendrier et la centrale d’achat fait une sélection. Il décide par exemple
de sortir 50 albums dans le mois de Mars et peut commander 50.000 ou 100.000 CD
de cet album. Si on réalise 100.000 CD par albums et qu’on vend à 500F cela
fait 500 Millions. Cela veut dire que si
la centrale d’achat reçoit aujourd’hui
100.000 albums, ils partagent ses albums en moins de 30Mn sur toute l’étendue
du territoire à 500F. Dans ces conditions qui peut pirater l’œuvre. Je ne vais
pas me mettre à définir tout parce qu’il y a des spécialistes de copie et de
mal copie.
Vous êtes à quelle étape de la réalisation de ce projet ?
Je suis toujours à l’étape
d’analyse et d’étude de faisabilité au pays. Les autorités béninoises ne m’ont
pas saisi officiellement et je n’ai pas déposé de dossier dans ce sens là parce
que c’est un projet itinérant pour moi. Il n’est pas politique mais culturel et
il restera culturel. J’ai l’obligation de venir m’installer au Bénin parce que
j’ai servi le continent africain depuis plusieurs années et je continue de le
servi. Il est de mon devoir de venir servir le Bénin
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